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Paul Carter: “J’ai encore beaucoup à apprendre !”

Paul Carter: “J’ai encore beaucoup à apprendre !”

Par LNB.fr – Retrouvez l’interview complète en cliquant ici

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À 28 ans, Paul Carter est loin d’être l’un des noms les plus ronflants parmi les nouveaux venus. Pourtant, le longiligne gaucher, qui a débarqué à Antibes cet été paraît avoir les armes pour devenir l’une des plus jolies surprises de Pro A.

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Avec l’une des plus petites masses salariales de la Pro A et déjà quelques « gros » renforts US comme Tim Blue, Will Solomon ou Bernard King, Antibes n’avait sans doute pas les moyens d’aller chercher un ailier référencé. Va donc pour un pari, fait sur un joueur extérieur, sortant d’une saison en Finlande où il a terminé… top-rebondeur (12,5 rbds, et 2e scoreur, 19,7 pts) de la ligue. « En fait, on avait des standards techniques et athlétiques précis qu’on souhaitait obtenir sur notre poste 3, raconte Julien Espinosa, le coach. En plus, avec notre budget, on ne pouvait pas aller piocher sur les premiers marchés du continent. On est donc allé fouiller dans un championnat mineur et on est tombé sur Paul. Il nous a séduits techniquement. On l’a de suite trouvé doué, avec un rapport taille – technique individuelle vraiment pas courant. Après, on a fait des recherches sur lui, comme on fait d’habitude. Histoire de voir comment il était dans sa tête. Et là, on a vite vu qu’on avait affaire à un sacré bonhomme sur le plan humain. »

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Pourtant, à la lecture brute de son parcours, les questions pouvaient affluer. Trois high-schools différentes entre 15 et 18 ans, un passage par la case Junior College avant d’intégrer l’Université du Minnesota (les séjours en JUCO ayant souvent pour origine soit des déficiences scolaires, soit un talent jugé pas suffisant pour intégrer l’un des 304 « colleges » que comprend la Division I NCAA). Un transfert vers Illinois-Chicago avant son année senior. Pas de draft. Et un parcours fait depuis de brefs passages dans des ligues mineures européennes (Chypre, D2 Israélienne) ou d’Amérique Centrale (Mexique, Porto Rico…), entrecoupés de saisons sans stats ronflantes en D-League.

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D’autres priorités que le basket à une époque…

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Alors, instable ou pas assez talentueux, le garçon ? Ni l’un ni l’autre. Préoccupé parfois par d’autres impératifs – bien plus prioritaires – que le basket (voir son interview ci-après). Malchanceux aussi. Parce que côté talent pur, ce grand gaillard au maniement de balle et à la vision du jeu d’un meneur dans un corps d’intérieur ne semble pas en manquer. Un petit détour sur ses highlights (toujours flatteurs, car concoctés par les agents le plus souvent…) qui traînent sur YouTube interpelle. Des moves, du drive, un shoot de loin pas inintéressant et un style, tout en finesse, qui évoque quelques glorieux anciens. «Risacher, Bonato, ces joueurs-là, pas des baraques, mais plutôt fluides techniquement, reconnaît son coach. C’est vrai que la comparaison avec Stéphane est assez marquante. Pour le moment, les contraintes de la Pro A au niveau intensité étaient encore sa limite en début de préparation. Mais il s’y est adapté plutôt très vite. Il fait aussi des efforts sur la densité défensive ».

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Une adaptation rapide ? Oui, si l’on en croit les stats de la pré-saison (18,7 pts, top-scoreur parmi des Sharks pas démunis quand il s’agît de shooter, à 52% aux tirs et 39% à 3-pts, plus 5,5 rbds) ou un premier match abouti à Monaco (17 pts, 7 rbds et 19 d’éval malgré une adresse en berne : 2/6 aux tirs mais 13/14 sur la ligne). Mais d’où lui vient cette fluidité alors que sa taille l’aurait destiné aux joutes de gros bras dans la peinture ? « C’est parce que je n’ai pas toujours été grand ! lâche l’intéressé dans un éclat de rire. Avant mon année de terminale, je ne faisais même pas 1,80 m ! Et à 17 ans, j’ai pris 16 ou 18 centimètres en quelques mois. Alors, je ne savais pas jouer à d’autres positions que celle de meneur avant ça. Après, à l’université, les coaches ne savaient plus trop où ils devaient me faire jouer… »

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Espinosa nous raconte l’adaptation à laquelle il a dû s’astreindre pour passer d’un club finlandais où il jouait… 1, 2, 3 et 4, aux exigences de la Pro A : « Il est encore léger physiquement, mais au-delà du morphotype, c’est surtout la transition entre le style de jeu qu’il avait en Finlande, un championnat où il avait une totale liberté de jeu, qui peut être difficile. Il a fallu qu’il fasse d’abord des efforts pour structurer son jeu, notamment sur demi-terrain. Parce que c’est un formidable joueur de contre-attaque. Il a dû aussi améliorer un peu sa sélection de tir parce que là-bas, il avait limite carte blanche ! Ici, c’est quand même plus structuré et hiérarchisé, avec d’autres joueurs talentueux autour de lui. Il apprend donc à jouer plus juste mais il a déjà énormément progressé dans sa compréhension du jeu, dans ses prises de décisions ou encore dans le volume défensif. »

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Fils d’un ancien Laker…

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Mais si l’on aura probablement l’occasion, tout au long de la saison, de découvrir un joueur disposant encore, même à 28 ans, d’une belle marge de progression, l’homme, lui, fait déjà l’unanimité à Antibes. Fils d’un ex joueur NBA, Ron Carter, qui a ensuite passé plusieurs années dans le management des Lakers, Paul n’a pourtant pas été épargné par les malheurs. Un ouragan le chassant de La Nouvelle-Orléans juste avant sa dernière année de lycée. Un changement d’université dicté par l’absolue nécessité de se rapprocher de sa petite sœur, souffrant alors d’un cancer des os, puis… un lock-out NBA tombant pile au moment où une franchise NBA tenait à lui donner sa chance. Et on sait bien qu’en NBA, quand on n’a pas fait le buzz d’un LeBron James dès le lycée, être « the right men, at the right place, at the right time » est tout sauf quotité négligeable. La chance repasse rarement deux fois… Tout cela, Paul vous le raconte lui-même dans l’interview qui suit.

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Mais ses qualités humaines, forgées sans doute par ces accidents de vie qui ont jalonné ses jeunes années, sont déjà apparues à tous, à Antibes. « C’est vraiment intéressant de bosser avec lui, raconte avec enthousiasme « coach Julien », comme l’appelle Carter . C’est vraiment un gars que tout le monde a envie d’aider. Il est plein de bonne volonté, pas hautain mais au contraire très à l’écoute. C’est dû à sa personnalité. C’est quelqu’un de très ouvert, avec une vraie capacité à échanger avec tout le monde. » Et Will Solomon, « vieux sage » (37 ans et une croisière de luxe à travers les plus grands clubs du continent…) de conclure joliment : « Honnêtement, je n’avais jamais entendu parlé de lui quand il a signé à Antibes. Depuis, nous passons pas mal de temps à discuter et j’ai vraiment apprécié de le découvrir. Il apporte pas mal de choses sur la table, cette saison à Antibes. C’est un joueur très talentueux. Il est grand avec de longs segments, mais il a aussi un vrai jeu d’ailier, est capable de passer, de shooter, d’apporter au rebond, et est surtout un vrai plus dans la création. Je ne sais pas s’il pourra dominer comme il l’a fait l’an passé en Finlande, mais on voit déjà, sur la préparation comme sur les premiers matches, qu’il peut être un vrai plus pour cette équipe. » Le secret le mieux gardé de la Pro A, Carter ? Peut-être plus pour longtemps…

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Paul Carter : “J’ai encore beaucoup à apprendre !”

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Pour de multiples raisons, on a presque l’impression qu’à 28 ans, vous êtes encore un jeune basketteur professionnel, est-ce qu’on se trompe ?

Non, je ne crois pas. En tous cas, je ressens un peu la même chose. J’ai déjà joué quelques années, mais pour de multiples raisons, j’ai encore pas mal de choses à apprendre et, je l’espère, une grosse marge de progression. Je me sens encore très jeune et plein d’énergie en tous cas ! (il éclate de rire)

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Comment s’est passée la transition entre Lapua, à 400 km au Nord-Ouest d’Helsinki, et Antibes…

Oh là là… (en français dans le texte…) La météo est juste une bénédiction ici. L’an passé, en Finlande, j’ai vraiment découvert ce que le froid pouvait être ! C’était absolument magnifique, mais j’avais bien du mal à sortir de sous ma couette en plein hiver… Fin décembre, vous avez environ 2 heures de lumière par jour. Et c’est plus du clair obscur qu’une vraie clarté. C’est un peu déprimant, mais je suppose que vous devez vous y habituer petit à petit…

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En Finlande, pour votre première saison pleine en Europe, il semble que vous jouiez à peu près toutes les positions sur le terrain. Ici, votre rôle sera plus cadré. L’ajustement est-il difficile ?

Pour être franc, l’ajustement n’est pas si difficile. C’est même plus facile de jouer dans ce contexte parce que vous pouvez vous concentrer sur ce que vous avez à faire. L’an dernier, il y a eu beaucoup de changements dans l’effectif. À un moment, notre meneur est parti et j’ai dû jouer en numéro 1. Puis en 4 quand un autre joueur s’est blessé. Alors, ici, je peux me concentrer sur un rôle et m’y tenir. Apprendre ce que l’on attend de moi, spécialement en défense, et faire un focus là-dessus, plutôt que de devoir colmater les manques sur tous les postes comme l’an passé.

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Revenons un peu dans le passé. Vous venez d’une famille sportive, puisque votre frère était une star de l’athlétisme universitaire (All-American en triple saut) et que votre père a été drafté en 1978 (2e tour, 26echoix) et a ensuite joué aux Lakers puis aux Pacers…

Oui, c’est pour ça que j’ai grandi en ne rêvant que de NBA. J’ai eu mes chances à ma sortie d’université, mais ça ne s’est pas fait. Mais à cause du passé de mon père, qui était devenu ami avec Jerry Buss (l’ancien président des Lakers, ndlr) lors de son passage à L.A., j’ai vraiment grandi avec ce rêve. Mais il ne m’a jamais poussé à mort vers ça. En fait, lui n’était même pas allé à l’université pour y jouer au basket. Il avait intégré un collège militaire, Virginia Military Institute. Il s’est présenté pour tenter d’intégrer l’équipe, a fini par être une star de l’université et a signé en NBA. Il n’y croyait même pas lui-même ! Après, il n’est pas allé en Europe parce qu’il devait du temps à l’armée, qui avait financé ses études. Et puis Buss l’a fait venir aux Lakers pour lesquels il a bossé pendant de longues années. Maintenant, il est à la retraite à Chicago alors il a plein de temps qu’il passe à me harceler de coups de fils pour me taquiner…

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Si votre carrière a pris du retard, c’est aussi à cause d’éléments extérieurs au basket. Vous changez de high-school plusieurs fois, dont une à cause de l’ouragan Katerina…

C’est vrai. Nous venions tout juste de déménager de Los Angeles à New Orleans quand j’avais 17 ans. Je devais terminer le lycée là-bas, mais à cause du hurricane, nous avons dû déménager dans la précipitation vers l’Arkansas, dans la famille de ma mère. En fait, nous sommes partis deux jours avant, à la suite de l’appel des autorités à évacuer d’urgence, mais nous ne pensions pas que ça serait si terrible. Nous pensions revenir quelques jours plus tard. Moi, j’avais pris trois tee-shirts et quelques autres fringues, rien d’autre. Mais deux jours plus tard, tout était sous l’eau ! Ma mère est retournée là-bas quelques semaines plus tard, mais il nous était impossible d’y retourner.

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Ensuite, après deux ans à Minnesota, vous décidez d’aller à Illinois-Chicago pour vous rapprocher de votre famille et de votre petite sœur, Bria, qui souffrait d’un cancer des os. Pourriez-vous nous raconter l’histoire de ce match, avec Minnesota, face à Wisconsin, en février 2010…

En fait, quand vous êtes à l’université et que vous jouez, vous avez déjà à dealer avec pas mal de stress. Et puis, ma petite sœur, qui avait 14 ans, a reçu un coup sur la jambe lors d’un match de basket. Une petite blessure, sans fracture ni rien. Pourtant, elle m’appelait tous les jours et se désespérait parce que sa jambe continuait à lui faire mal. Elle me demandait sans cesse : qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je dois faire Paul ? Et le mal empirait. Alors on l’a renvoyé à l’hôpital et ils se sont aperçus qu’elle avait une tumeur. Et ma sœur, comme moi, était en pleine croissance, comme mon père et moi avions grandi aussi très vite, ce qui a favorisé le développement de son cancer des os. C’était vraiment dur… (Long soupir) Je me souviens que mon père était venu à un match contre Michigan State pour me donner la nouvelle et… c’était une ado comme les autres, qui voulait plaire, et la perspective de la chimio, puis de l’amputation qu’elle a dû subir, c’était juste affreux. On se sent si impuissant. Alors, mon frère et moi nous sommes rasé la tête quand elle a commencé à perdre ses cheveux. Et au match suivant, contre Wisconsin, quand je suis rentré dans le vestiaire, tous mes coéquipiers s’étaient rasé la tête par solidarité. J’étais en larmes, mais… heureux aussi. Et je sais que toute ma famille, les médecins et les infirmières, étaient réunis dans la chambre de Brea pour regarder ce match. Tous en larmes. Tout le personnel s’était pris d’affection pour ma sœur et je crois que toute cette solidarité l’a beaucoup aidée. En tous cas, maintenant elle va bien, est étudiante à Michigan State. Une belle histoire je crois… Alors c’est vrai que j’ai décidé de revenir à Chicago en changeant d’université. J’ai pu le faire sans avoir à ne pas jouer un an grâce à une autorisation spéciale de la NCAA, mais aussi parce que sur le plan scolaire, j’avais pu avoir mon diplôme en un an de moins que prévu.

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Après votre année senior à Illinois-Chicago, les Jazz vous ont offert un contrat mais… le lock-out est survenu. Vous signez à Chypre mais revenez tenter votre chance en décembre. Est-ce que vos premières saisons, passées en D-League, avaient aussi pour but de rester proche de la famille ?

En fait, j’ai eu à la fois de la chance et… pas de chance. Le coach personnel de Michael Jordan, Tim Grover (qui a écrit un livre sur sa collaboration avec MJ : From Good, to Great, to Unstappable), venait de UIC (University of Illinois-Chicago). Il venait toujours voir nos matches et est venu me voir en me disant : j’adore ta manière de jouer. Je sais que tu n’es pas dans les radars des franchises NBA, mais viens bosser avec moi et je suis sûr que tu auras ta chance. Et en fait, ça commençait vraiment à mordre. Plusieurs équipes m’ont fait venir pour des work-out. Les Timberwolves, les Bulls, les Bucks et les Utah Jazz, qui semblaient les plus intéressés. Les Jazz voulaient me drafter mais ils ont finalement fait un autre choix tout en me disant : on veut te donner ta chance et te signer en tant que free-agent. Mais… il y avait le lock-out et rien ne pouvait se passer. Finalement, je n’ai jamais pu tirer profit de tout ça… Après, en D-League, j’ai été plutôt bon lors de ma première année. Mais ensuite, le coaching staff, le management de l’équipe avait changé et les choses sont devenues plus difficiles pour moi…

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